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LES VERRUES CUTANÉES

Les verrues sont dues à une infection virale bénigne de la peau par le papillomavirus (HPV). Les verrues cutanées sont très fréquentes puisqu’elles touchent environ un enfant d’âge scolaire sur quatre. Leur aspect varie en fonction de la localisation et du type d’HPV responsable. Elles disparaissent spontanément dans les deux tiers des cas en 2 ans. Les différents traitements locaux disponibles sont efficaces mais ne permettent pas d’éradiquer le virus, expliquant la fréquence des récidives.

Qu’est-ce qu’une verrue ?

Une verrue est une petite lésion cutanée ou muqueuse souvent en relief liée à une infection par un virus appelé “human papillomavirus“ ou HPV, dont il existe de nombreux types.

C’est une affection très fréquente notamment chez les enfants, mais sans gravité. Elles sont le plus souvent indolores et peuvent passer inaperçues notamment au début de leur évolution.

On distingue plusieurs sortes de verrues en fonction de leur aspect, de leur localisation et du type de virus HPV responsable.

Quelles parties du corps peuvent être atteintes?

Bien qu’elles touchent le plus souvent les pieds, les mains, et le visage, les verrues peuvent atteindre toutes les parties du corps (genoux, coudes, tronc…).

Comment se présente une verrue ?

Une verrue peut se présenter sous plusieurs formes. On distingue habituellement les verrues vulgaires, les verrues plantaires, les verrues filiformes et les verrues planes.

  • Les verrues vulgaires sont des lésions surélevées hémisphériques arrondies de quelques millimètres à 1 cm, uniques ou multiples, et dont la surface est anfractueuse, en forme de chou fleur. Elles peuvent être douloureuses et sont principalement situées sur le dos des mains et sur les doigts. Elles peuvent atteindre le pourtour des ongles provoquant parfois leur déformation notamment lorsqu’elles sont situées à leur base. Elles sont dues à l’HPV 2.
  • Les verrues plantaires se présentent sous 2 formes :
    • La myrmécie : c’est une lésion bien limitée souvent profondément enchâssée dans la peau, sans relief, ponctuée de points noirâtres. Elle est en général unique et douloureuse à l’appui. Elle est causée par l’HPV 1.
    • Les verrues mosaïques : sont localisées à la plante des pieds, mais aussi aux mains ou en périphérie des ongles. Elles se présentent sous forme de multiples verrues superficielles accolées les unes aux autres, non douloureuses. Elles sont liées à l’HPV 2.
  • Les verrues filiformes, plus fréquentes chez les hommes que chez les femmes, sont situées principalement au visage, notamment autour de la bouche ou des yeux et au niveau des zones de rasage (barbe, cou). Elles sont dues à l’HPV 2.
  • Les verrues planes atteignent surtout le visage et le dos des mains. Elles se présentent sous la forme de petites élevures en tête d’épingles de quelques millimètres, arrondies de couleur chair ou pigmentées. Elles sont retrouvées par dizaine ou par centaines, regroupées en plaques ou prenant la forme de stries, lorsque le patient s’est gratté. Elles sont causées par l’HPV 3.

Quelles sont les personnes à risque ?

  • Les enfants de 5 à 15 ans : 25% d’entre eux présentent une ou plusieurs verrues.
  • Les personnes immunodéprimées : traitées par des médicaments immunosuppresseurs (après transplantation d’organe, chimiothérapies….), ou infectées par le VIH.
  • Certaines professions telles que les bouchers, vétérinaires, poissonniers, sont plus exposées à des verrues localisées aux mains et causées par le virus HPV 7.

Comment attrape t-on les verrues ?

  • Le contact avec des sols humides et chauds (piscine, sauna, hammam, plage, salle de sport…) favorisent la survenue de verrues, notamment lorsque la peau est lésée (micro-coupures, desséchement, eczéma…). Le virus pénètre l’épiderme et infecte les kératinocytes des couches profondes de l’épiderme.
  • Les contacts entre les individus en collectivité (école).
  • L’auto-inoculation est également possible, après manipulation d’une verrue existante.

Comment savoir si j’ai une verrue ?

En cas de lésion en relief bien limitée localisée aux mains ou au pieds et dont la surface est rugueuse au toucher, l’auto-diagnostic est facile surtout lorsqu’elle survient dans un contexte particulier (contact avec des sols humides…). Certaines autres formes (planes, filiformes, en mosaïques…) nécessitent souvent un avis dermatologique, à cause leur aspect particulier, ou parce qu’elles peuvent passer inaperçues notamment lorsqu’elles sont indolores et situées aux pieds.

Est-ce contagieux ?

Oui, même si elles le sont faiblement, les verrues cutanées sont contagieuses. Il peut s’agir d’une contamination à partir d’un sujet porteur d’une ou plusieurs verrues, par les squames de peau infectées par le virus HPV qui se détachent des lésions et qui se disséminent dans l’environnement (les sols, le linge).

Elles peuvent également se transmettre par un contact direct ou par auto-inoculation chez une même personne déjà infectée.

Comment fait-on le diagnostic ?

Dans la plupart des cas, le diagnostic est fait par un simple examen clinique sans recours à d’autres examens complémentaires. Une biopsie est réalisée en cas de doute, notamment avec certaines formes de cancers cutanés (carcinomes) qui peuvent présenter un aspect verruqueux.

Avec quelles autres pathologies peut-être confondue une verrue ?

Une excroissance de peau kératosique peut correspondre à un durillon ou à un cor (lié à des frottements répétés), une cicatrice fibreuse, une kératose solaire (ou Kératose actinique).

Il faut également se méfier d’une lésion verruqueuse qui s’ulcère, grossit et saigne spontanément. Elle peut correspondre non pas à une verrue mais à un cancer de peau (carcinomes).

Faut-il obligatoirement traiter les verrues ?

Compte tenu de leur évolution spontanément favorable dans les deux tiers des cas en moins de 2 ans, et des contraintes imposées par des traitements longs et souvent douloureux, on peut choisir de ne pas les traiter.

Il faut savoir que de toute façon aucun traitement actuellement disponible ne permet d’éradiquer de façon définitive le papillomavirus, expliquant la fréquence des récidives (30%), même lorsque la guérison clinique des lésions visibles est obtenue.  Cependant, il est d’usage de les traiter en raison de leur contagiosité, et de leur caractère parfois douloureux et inesthétique.

Quel traitement choisir ?

Le but du traitement est de détruire les lésions visibles, puisqu’il n’existe pas de traitement capable d’éradiquer le papillomavirus une fois que l’on est contaminé. Aucune recommandation privilégie une méthode plutôt qu’une autre, aucune d’entre elles n’ayant une efficacité supérieure à long terme par rapport aux autres. On peut ainsi indifféremment commencer par l’une ou l’autre des techniques ou les associer en cas de lésions volumineuses ou résistantes.

  • Les kératolytiques : l’application de pommade contenant de la vaseline salicylée et de l’acide lactique à forte concentration permet de décaper chimiquement les lésions. Elle se fait quotidiennement sous occlusion, c’est à dire sous un pansement, et doit être régulièrement accompagnée d’un ponçage des lésions avec une pierre ponce ou des limes en carton.
  • L’application locale d’azote liquide : la cryothérapie se fait soit à l’aide d’un coton-tige maintenu sur la lésion pendant une dizaine de secondes, soit par pulvérisation à l’aide d’un spray. Elle est réalisée après un décapage au bistouri de la peau morte à la surface de la verrue et est renouvelée plusieurs fois, à 3 semaines d’intervalle, pour obtenir la disparition totale des lésions, notamment aux pieds.
  • La destruction par laser : les lasers CO2 sont le plus souvent utilisés et agissent comme un bistouri électrique. D’autres lasers sont plus récemment utilisés : les lasers à colorant pulsé, les lasers Nd Yag et Alexandrite long pulse. Cependant cette technique n’est pas prise en charge par l’Assurance maladie. Elle est souvent douloureuse, laisse souvent des cicatrices et n’a pas pour l’instant montré sa supériorité par rapport aux autres méthodes médicales. De plus, elle nécessite une protection du visage du patient et du dermatologue ainsi qu’un système d’aspiration des fumées dégagées lors du traitement, car celles-ci sont chargées de particules virales potentiellement contaminantes. Elle est envisagée en deuxième intention en cas de résistance aux kératolytiques et à la cryothérapie.

Est-ce que les verrues peuvent entrainer un cancer ?

Les verrues cutanées liées aux HPV 1, 2 et 3 ne donnent pas de cancers
contrairement aux verrues génitales ou condylomes.

Existe t-il un vaccin contre les HPV ?

Il n’existe pas à ce jour de vaccin contre les HPV responsables des verrues cutanées, comme cela est le cas pour les verrues génitales (condylomes).

Quelle est l’évolution des verrues ?

L’évolution spontanée des verrues cutanées sans traitement est favorable dans la plupart des cas : un tiers disparaissent avant 6 mois, et deux tiers en 2 ans. Cependant il existe un risque de récidive de 30% liée à la persistance du virus dans la peau même après la disparition des lésions.

Comment prévenir l’apparition de verrues ?

La suppression des facteurs favorisants permet de prévenir l’infection par le papillomavirus :

  • Le port de chaussettes, de tong sur les sols humides (piscines, sauna, salles de sport…).
  • Utiliser du linge (serviettes) personnel, et privilégier les douches et non les bains communs lorsqu’un membre de la famille est atteint.
  • Ne pas marcher pieds nus lorsqu’on présente des verrues plantaires.

Ne pas manipuler les verrues existantes pour éviter la dissémination sur d’autres parties du corps.