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L’urticaire

L’urticaire est une maladie de peau fréquente puisque 20 % de la population mondiale en présente un épisode au cours de sa vie. Localisée ou généralisée, elle est constituée d’éléments de taille variable dont l’aspect est proche de celui que procurent les piqûres d’ortie. Elle peut être aigue, évoluant sur quelques jours, ou chronique persistant plusieurs semaines ou mois. Les démangeaisons qu’elle provoque peuvent entrainer un inconfort important notamment lorsque la maladie perdure dans le temps. Les traitements antihistaminiques sont heureusement efficaces dans 90 % des cas.

Qu’est-ce qu’une urticaire ?

C’est une éruption cutanée localisée ou généralisée qui est constituée d’une ou plusieurs plaques rouge(s) ou rosée(s), arrondie(s), bien limitée(s) et en relief. Leur taille est variable. Les lésions d’urticaire ont la propriété de changer de place au fil des heures en dessinant parfois des cercles ou des arabesques sur la peau, et provoquent des démangeaisons. Elles évoluent par poussées qui s’estompent le plus souvent en quelques heures (moins de 24H).

L’urticaire peut atteindre toutes les zones du corps y compris les mains, les pieds, les organes génitaux ou encore le visage et les muqueuses (lèvres, langue, luette, pharynx). Les lésions prennent alors un aspect différent devenant plus boursouflées ou œdémateuses et les rougeurs sont estompées. On parle alors “d’angio-œdème“.

À quoi est due une urticaire ?

Elle est liée à la présence d’histamine.

Dans certains cas sa production et sa libération sont provoquées par l’activation de certaines cellules normalement présentes au niveau des couches superficielles dans notre peau, appelées les mastocytes. Lorsque le mastocyte est au repos, rien ne se produit mais lorsqu’il est activé par certains facteurs, il libère des substances, dont la principale est l’histamine, qui vont déclencher l’urticaire.

Qu’est-ce qu’un angio-œdème et un œdème de Quincke?

Un angio-œdème est une urticaire qui affecte les tissus plus profonds de la peau, ou les muqueuses. 
L’atteinte des tissus profonds donne un aspect sur la peau différent de celui de l’urticaire typique. En effet, le gonflement (ou œdème) est souvent plus important et la rougeur est minime voire absente. Il n’entraîne pas de démangeaison mais plutôt une sensation de tension qui peut parfois être douloureuse.

Les angio-œdèmes les plus fréquents siègent au visage, sur des zones où la peau est fine (en particulier les paupières et les lèvres) provoquant des déformations parfois impressionnantes. Ils peuvent toucher toutes les parties du corps avec une prédilection pour les extrémités (les mains, les pieds). Lorsque cet œdème touche les cordes vocales, il entraine une modification de la voix. Lorsqu’il affecte le larynx, il peut exister une gêne à la respiration et pour avaler, c’est ce qu’on appelle communément “l’œdème de Quincke“.

Leur durée d’évolution est généralement un peu plus longue que celle de l’urticaire typique.

Quelles sont les formes d’urticaire ?

À côté des formes superficielles (urticaire classique) et profondes (angio-œdème), on a coutume de différencier les urticaires en fonction de leur durée.

L’urticaire aiguë disparait en quelques heures à quelques jours alors que l’urticaire chronique évolue au delà de 6 semaines consécutives. Cette distinction est essentielle car elle permet d’orienter la cause de l’urticaire.

Parmi les urticaires chroniques on trouve les urticaires physiques qui sont déclenchées par un facteur physique tel qu’un frottement, le froid, la chaleur, la pression….

Une urticaire est-elle toujours d’origine allergique ?

Non, très peu d’urticaires le sont en réalité. La plupart sont liées à une ou plusieurs causes non allergiques notamment lorsqu’il s’agit d’une urticaire chronique évoluant sur plusieurs semaines. Il est important de retenir que l’urticaire d’origine allergique est toujours aiguë alors que les urticaires aiguës ne sont pas forcément d’origine allergique (cf questions suivantes).

Quelle est la différence entre une urticaire allergique et non allergique ?

Il n’y a aucune différence d’aspect clinique entre une urticaire allergique et non allergique. Les 2 sont liées à la libération d’histamine conduisant finalement à l’apparition des mêmes lésions.

Pour l’urticaire allergique, l’histamine est produite et libérée par les mastocytes qui sont activés par des anticorps appelés immunoglobulines E (IgE). Ceux-ci sont produits par des cellules immunitaires de façon spécifique contre un aliment, un médicament, un venin de guêpe ou d’abeille reconnus alors par l’organisme comme des allergènes.

L’urticaire non allergique n’implique pas les IgE. Il peut s’agir d’une “histamino-libération directe“, provoquée par certains médicaments ou aliments (cf question suivante). D’autres mécanismes, parfois intriqués, mais non médiés par les IgE peuvent être à l’origine d’urticaire non allergique, par exemple par le biais de certaines substances appelées prostaglandines, ou des neuromédiateurs.

La présence de certains signes cliniques associés à l’urticaire permettent d’orienter le diagnostic vers une cause allergique : des signes respiratoires (toux, difficulté à respirer, liées à un œdème de Quincke ou à un asthme), digestifs (diarrhée, vomissements, douleurs abdominales), un malaise intense (lié à une chute de tension artérielle).

Enfin une urticaire allergique est dans tous les cas une urticaire aiguë survenant dans l’heure qui suit le contact avec l’allergène, et dont la durée est courte, ne dépassant pas 24 heures. Si ultérieurement, un nouveau contact avec la même molécule allergisante se produit, la réaction est plus intense et apparaît plus rapidement avec un risque de choc anaphylactique, menaçant la vie du sujet atteint.

Pour cette raison, il est formellement interdit de renouveler le contact avec un allergène identifié responsable d’une urticaire allergique, sans assistance médicale.

Quelles sont les causes des urticaires aiguës ?

L’urticaire aiguë survient le plus souvent :

  • Dans un contexte d’infection virale, telle qu’une angine, une otite ou un simple rhume (notamment chez l’enfant).
  • Dans un contexte de stress ou de grande fatigue. Il s’agit là plus d’un facteur aggravant que déclenchant.
  • Par la prise de certains médicaments. Il peut s’agir d’un mécanisme allergique vrai, médié par la production d’IgE, comme certaines pénicillines, ou par un mécanisme non allergique, comme l’aspirine ou les anti-inflammatoires non stéroïdiens.
  • Par la surconsommation d’aliments, comme les fraises ou les fruits de mer. Il peuvent entrainer des crises d’urticaire aiguë sans qu’il s’agisse pour autant d’une allergie, par histamino-libération directe ou parce qu’ils sont riches en histamine.
  • Par un contact direct avec les végétaux (orties) et animaux (chenilles processionnaires, méduse…) ou d’autres substances comme le latex.

Ainsi les médicaments et les aliments peuvent entrainer une urticaire aiguë soit par mécanisme allergique, soit par mécanisme non allergique lorsqu’ils sont histamino-libérateurs ou riches en histamines.

Quelles sont les causes des urticaires chroniques ?

L’urticaire chronique peut être déclenchée par :

  • La prise de certains médicaments (certaines classes de médicaments prescrits contre l’hypertension artérielle comme les IEC ou inhibiteurs de l’enzyme de conversion) qui peuvent donner un angio-œdème chronique (cf question 3).
  • Un déficit génétique et/ou acquis en une enzyme appelée inhibiteur de la C1 estérase. Elle peut donner un angio-œdème chronique sans lésion cutanée d’urticaire.
  • Un facteur physique, provoquant ce qu’on appelle une urticaire physique :
  • Après un frottement, provoquant l’apparition des lésions d’urticaire sur la zone concernée, appelé “dermographisme“.
  • Après une augmentation de la chaleur locale par un effort physique, un bain chaud ou une émotion, provoquant l’apparition de lésions d’urticaire de petite taille (1 à quelques millimètres). Il s’agit d’une urticaire “cholinergique“.
  • En regard de zones de pression (la paume des mains après le port d’objets lourds, la plante des pieds après la station debout prolongée, la ceinture, les épaules après le port d’un sac lourd en bandoulière…). Il s’agit d’une urticaire “retardée à la pression“ car elle survient 3 à 12 heures après.
  • Après une exposition de la peau ou des muqueuses au froid (lors de baignades en mer, l’ingestion de boisson glacée).
  • Après une exposition solaire, à l’eau ou aux vibrations. Ces causes sont plus rares.
  • Une infection : virale (hépatite B, mononucléose infectieuse), due à des parasites, des champignons (mycosique) ou des bactéries (foyers infectieux chroniques de la sphère dentaire ou ORL comme les sinusites chroniques).
  • Une maladie de système qui peut atteindre plusieurs organes et dont la manifestation cutanée peut ressembler à une urticaire (vascularite ou inflammation des vaisseaux, lupus…).
  • Une maladie de la thyroïde (hyperthyroïdie).
  • Une sensibilité accrue à certaines hormones comme la progestérone, provoquant une urticaire “prémenstruelle“.
  • Certaines maladies du sang.
  • Une association entre le stress ou certains troubles psychologiques (notamment anxiété et dépression) et urticaire chronique a été rapportée. Cependant aucune étude n’a pu confirmer s’il s’agissait de la cause de l’urticaire ou de sa conséquence. En effet, certains troubles comme la difficulté à verbaliser des émotions peut être retrouvée chez les patients atteints d’urticaire chronique. Par ailleurs, la gène occasionnée par ces lésions chroniques et les démangeaisons qu’elles entrainent, retentissent sur la qualité de vie, pouvant provoquer ou entretenir une anxiété et/ou des troubles dépressifs. Pour ces raisons, la prise en charge psychologique sera nécessaire en cas :
    • De souffrance psychique évidente et/ou à la demande du patient.
    • Devant une résistance au traitement habituel.
    • De certaines formes d’urticaire, notamment retardée à la pression.

Dans certains cas, aucune cause n’est retrouvée. On parle d’urticaire idiopathique.

Doit-on faire des examens complémentaires lorsqu’on présente une urticaire chronique ?

L’examen clinique avec un interrogatoire et un examen minutieux de la peau, des muqueuses et général,  permettront à votre dermatologue de différencier 2 situations :

  • S’il s’agit d’une urticaire chronique banale sans signe clinique permettant de suspecter une cause, aucun examen complémentaire ne sera utile dans l’immédiat. Un traitement (cf question 12) sera débuté, et ce n’est qu’en cas d’inefficacité au bout d’un mois, qu’un bilan à minima vous sera prescrit.
  • Si une cause est suspectée, certains examens seront demandés d’emblée pour confirmer les données de l’interrogatoire ou de l’examen clinique.
    • Des tests physiques (exposition au froid, au chaud, à l’exercice physique, au frottement avec une pointe mousse, à la pression…) pourront être réalisés le plus souvent en milieu hospitalier pour palier à une éventuelle réaction générale à risque (œdème laryngé, choc anaphylactique).
    • Un bilan biologique, une biopsie cutanée  et/ou une imagerie à la recherche d’anomalies de la glande thyroïde, de maladies inflammatoires ou infectieuses, seront demandés en cas d’urticaire atypique, d’angio-œdème chronique, de certaines urticaires physiques (au froid, solaire), ou en présence de signes cliniques extra-cutanés.

Quand doit-on réaliser des tests allergologiques ?

La prescription de tests allergologiques n’est pas systématique.

Il n’y a pas lieu d’en faire en cas d’urticaire chronique qui n’est pas allergique.

En revanche dans les cas d’urticaire aiguë, s’il existe des signes cliniques orientant vers un mécanisme allergique (cf question 6), notamment d’allergie alimentaire vraie, ou d’urticaire aiguë de contact, des tests cutanés appelés “prick test“ seront réalisés. Ils consistent à appliquer sur la peau de l’avant bras une série de gouttes contenant les allergènes suspectés, et de piquer au travers avec une petite lancette. La réaction à 15 mn est comparée à la lésion “témoin“ d’urticaire provoquée par l’application d’une goutte contenant de l’histamine.

Un autre test appelé “test de provocation orale“, consiste à faire ingérer des doses croissantes de l’allergène alimentaire suspecté. Lui seul peut affirmer une allergie alimentaire vraie. Cependant il n’est pas dénué de risque et doit donc être réalisé en milieu hospitalier pour permettre de prendre en charge un éventuel choc anaphylactique.

Ce bilan est parfois complété par le dosage d’anticorps IgE spécifiques des allergènes suspectés.

Combien de temps dure une urticaire chronique ?

L’urticaire chronique disparaît en plusieurs mois ou années : 40% des urticaires chroniques persistent après un an, 30% après 2 ans et 20% après 10 ans.

Quels sont les traitements de l’urticaire ?

  • Les antihistaminiques
    Le traitement de l’urticaire repose sur les antihistaminiques qui empêchent la libération d’histamine à partir des mastocytes. Ils agissent rapidement en moins d’une heure. Ils sont efficaces dans 90% des cas à condition de les prendre chaque jour pendant toute la durée que votre dermatologue vous aura conseillée, car leur durée d’action ne dépasse en général pas 24 heures.Les antihistaminiques récents, de “seconde génération“, seront préférés du fait de leur meilleure tolérance clinique (ils occasionnent moins de somnolence).Dans l’urticaire aiguë, la durée de traitement est de 10-15 jours. Dans l’urticaire chronique, il convient de poursuivre le traitement pendant plusieurs mois.Au cours des urticaires chroniques, en cas d’échec après 4 à 8 semaines de traitement bien conduit, un autre antihistaminique de seconde génération peut être proposé, parfois à double dose ou être associé à un antihistaminique de première génération.
  • Eviction des facteurs favorisants ou déclenchants en cas de cause identifiée : le stress, certains médicaments, aliments, facteurs physiques (chaud, froid, frottements…).
  • Les corticoïdes locaux peuvent parfois être prescrits pour soulager les démangeaisons.
  • L’adrénaline est nécessaire en cas de réaction anaphylactique grave (œdème de Quincke, asthme et/ou choc anaphylactique).

Puis-je prendre de la cortisone en comprimés ou par injection pour accélérer la guérison ?

Les corticoïdes pris par voie générale (orale, injections) sont déconseillés en raison du risque de dépendance voire d’aggravation progressive de l’urticaire.

Même dans le cadre d’une urticaire allergique, ils ne sont pas considérés comme un le traitement de choix du fait de la lenteur de leur action (plusieurs heures), ne permettant pas de répondre rapidement aux situations urgentes.

Liens utiles

www.dermis.net: photographies.
www.has-santé.fr: recommandations de bonne pratique de la prise en charge de l’urticaire chronique – Février 2003.
www.inserm.fr: site d’information sur les urticaires de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale.