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LES CONDYLOMES ACUMINÉS

Les condylomes acuminés sont des verrues des muqueuses ano-génitales liées à d’une infection virale bénigne par certains types de papillomavirus (HPV). Les condylomes sont très fréquents puisqu’ils concernent 2,5% de la population générale. Ils se transmettent le plus souvent par contact sexuel et représentent l’infection sexuelle transmissible la plus fréquente. Leur traitement est primordial car certains condylomes peuvent potentiellement induire la formation de cancer du col utérin chez la femme ou de l’anus.

Qu’est-ce qu’un condylome acuminé?

Un condylome acuminé, appelé aussi végétation vénérienne ou crète de coq, est une petite lésion bénigne cutanée ou muqueuse souvent en relief, liée à une infection par un virus appelé “human papillomavirus“ ou HPV . On dénombre 140 types d’HPV différents, certains sont responsables des verrues cutanées et une quarantaine d’autres sont responsables des lésions anales et génitales.

Les HPV induisant l’apparition de condylomes constituent l’infection sexuellement transmissible la plus fréquente et leur présence est en constante augmentation dans les pays développés. On considère que 6 à 10 % de la population générale est porteuse du papillomavirus ce qui représente environ 1 personne sur 10 qui a ou qui a eu une activité sexuelle. Cependant seulement 1 personne infectée sur 100 environ développera des verrues génitales, représentant 2,5% des sujets en activité sexuelle, avec une prédilection pour les jeunes de 16 à 24 ans.

Quelles zones peuvent être atteintes?

Les condylomes peuvent atteindre les zones cutanées des organes génitaux externes : périnée, racines des cuisses, pubis, zone péri-anale, grandes lèvres ou scrotum (enveloppe cutanée des testicules), pénis.

Ils peuvent également toucher les zones muqueuses des organes génitaux externes : vulve, vagin, col utérin, urètre (conduisant l’urine), gland, ainsi que le canal anal.

Elles n’atteignent pas les organes génitaux internes (trompes, utérus, ovaires, testicules) et n’induisent donc pas de stérilité.

Comment se présente un condylome ?

L’aspect des verrues génitales et anales peut être variable.

Lorsqu’elles sont situées en zone cutanée, elles peuvent prendre l’aspect de petites excroissances à surface plane ou bourgeonnantes plus moins grosses en chou fleur appelées “crêtes de coq“. Elles peuvent être isolées, multiples ou regroupées, le plus souvent rosées, grisâtres ou de couleur chair.

Quand elles sont localisées sur les muqueuses, en particulier sur le col utérin des femmes infectées, elles peuvent être invisibles à l’œil nu. Elles nécessitent l’application d’un produit particulier (acide acétique), lors de l’examen gynécologique pour être révélées.

Quelles sont les personnes à risque ?

  • Il n’existe pas de pratiques sexuelles à risque. Les condylomes peuvent atteindre aussi bien les hommes que les femmes hétérosexuels(les) ou homosexuels(les), quelque soit leur âge. Mais les personnes ayant une activité sexuelle accrue et de multiples partenaires sont, de façon logique, plus exposées.
  • Dans un couple, l’apparition de condylomes n’est pas obligatoirement liée à une relation extra-conjuguale, car le virus peut avoir été contracté plusieurs semaines voire plusieurs années avant de provoquer des lésions.
  • Les sujets immunodéprimés (traités par des médicaments immunosuppresseurs comme les patients transplantés d’organes, par des chimiothérapies ou infectés par le VIH…) sont plus fréquemment atteints.

Comment attrape t-on les condylomes ?

  • Les condylomes se transmettent le plus souvent par contact direct de peau à peau lors des rapports sexuels, ou lors de relations sans pénétration, oro-génitales par exemple. C’est la plus fréquente des IST (infection sexuellement transmissible).
  • Ils peuvent également se transmettre par contact indirect, avec un linge humide ou un objet contaminé, car le virus est très résistant.
  • Ils peuvent se transmettre lors de l’accouchement si la mère est porteuse de lésions. L’enfant peut alors développer des lésions génitales mais aussi de la sphère laryngée.

Peut-on attraper des condylomes à partir des verrues cutanées des mains ?

Il semblerait que l’auto-contamination soit possible à partir de verrues cutanées vulgaires, notamment chez l’enfant, mais ce mode de transmission est très rare.

Comment savoir si j’ai des condylomes ?

Les verrues génitales peuvent être perceptibles au toucher par la présence d’excroissances ou être révélées par des démangeaisons ou des saignements. Certaines peuvent passer inaperçues notamment chez la femme et être découvertes alors au cours d’un examen gynécologique systématique. En cas de doute, il ne faut pas hésiter à consulter un gynécologue ou un dermatologue.

Est-ce contagieux ?

Oui, les condylomes sont très contagieux car ils contiennent une quantité importante de papillomavirus. Les rapports sexuels induisent des micro-traumatismes (micro-fissures invisibles) propices à la propagation du virus dans la muqueuse génitale ou anale du partenaire.

Ils peuvent également se transmettre de façon indirecte par contact avec un linge ou un objet contaminé.

Comment fait-on le diagnostic ?

Le diagnostic est fait soit par le dermatologue lorsque les condylomes sont localisés sur les organes génitaux externes ou dans la zone périnéale, soit par le gynécologue, lorsque les lésions sont situées sur les muqueuses génitales (vagin, col utérin). Il peut alors avoir recours à l’application d’un produit (acide acétique) permettant de révéler en blanc les lésions qui sont souvent invisibles à l’œil nu à cet endroit.

Lorsque les condylomes sont dans la zone péri-anale, il est nécessaire de compléter l’examen par une anuscopie, réalisé par un gastroentérologue proctologue, afin de dépister et de traiter des lésions situées dans le canal anal.

S’agissant d’une infection sexuellement transmissible (IST), des examens complémentaires par prélèvement local (vaginal chez la femme, de l’urètre chez l‘homme) et sanguin, sont réalisés pour dépister d’autres IST qui peuvent lui être associées : chlamydiae, gonocoque, mycoplasme, syphilis, hépatites, VIH.

Quelles autres pathologies peuvent être confondues avec des condylomes?

Certaines excroissances physiologiques, c’est à dire faisant partie de variantes normales de l’anatomie des muqueuses génitales de l’homme et de la femme peuvent être confondues avec des condylomes.

Une maladie de bowen, correspondant à un stade initial de carcinome épidermoïde, peut également prendre l’aspect de verrue génitale.

Est-il possible d’avoir le virus HPV et de ne pas avoir de condylomes ?

Oui, les infections latentes par le papillomavirus, c’est à dire asymptomatiques sans lésions, sont cent fois plus fréquentes que les condylomes visibles, notamment chez la femme. Il arrive que des personnes infectées ne présentent jamais de verrues génitales.

Ceci explique qu’au sein d’un couple, la survenue de condylomes ne soit pas forcément liée à des relations extra-conjuguales. Le délai entre le rapport sexuel contaminant et l’apparition des condylomes est de trois semaines à un an, parfois plus. Un des partenaires peut donc avoir été lui même infecté par une relation amoureuse antérieure et être porteur du virus sans présenter de lésions pendant de nombreuses années. Il peut développer un jour, au cours d’une autre relation amoureuse, des lésions qui sont contagieuses, pouvant alors potentiellement infecter le nouveau partenaire.

Est-ce que les condylomes peuvent entrainer un cancer ?

Les verrues cutanées liées aux HPV 1, 2 et 3 ne donnent pas de cancers.
En revanche les verrues génitales sont dues à une vingtaine d’HPV dont certains (HPV 16 et 18) sont dits “oncogènes“, car ils peuvent induire l’apparition d’un cancer atteignant le plus souvent le col utérin des femmes infectées ou l’anus.

Cependant cette transformation est lente, sur plusieurs années, et passe par un stade pré-cancéreux. Cela permet de mettre en évidence les condylomes, de découvrir les éventuelles transformations précancéreuses, et donc de les traiter avant d’atteindre le stade de cancer.

Faut-il obligatoirement traiter les condylomes ?

Les condylomes doivent être absolument traités car ils sont très contagieux et sont associés à des HPV dont certains peuvent induire un cancer du col utérin ou de l’anus.

Quel traitement choisir ?

La survenue de condylomes peut perturber la vie sexuelle et affective car elle s’accompagne de sentiments de culpabilité et une diminution de l’estime de soi. Votre dermatologue est là pour vous aider et choisira le traitement le mieux adapté à votre cas, en fonction du nombre, de la taille et de la localisation des lésions, sur une zone cutanée ou une zone muqueuse. Il vous informera des différentes possibilités thérapeutiques, de la nécessité du dépistage et du traitement concomitant de votre partenaire. Un suivi régulier est ensuite recommandé pour dépister et traiter précocement les éventuelles récidives.

  • La cryothérapie : appliquée sur chaque condylome de la même manière que pour les verrues cutanées, elle permet une guérison clinique en 1 ou 2 séances.
  • La destruction par laser CO2 qui permet de vaporiser, carboniser les lésions situées sur le versant muqueux des organes génitaux. Elle est réalisée sous anesthésie locale et nécessite une aspiration des vapeurs dégagées lors du traitement, car elles contiennent des particules virales potentiellement contaminantes.
  • Les traitements médicamenteux : l’application locale régulière de médicaments permet l’éradication des lésions visibles. Cependant pour être efficace, cette technique suppose une adhésion sans faille du patient au traitement, souvent long, et qui n’est pas dénué d’effets secondaires (irritations). Il s’agit de :
    • Podophyllotoxine (Condylline®)
    • Imiquimod (Aldara®) : c’est un médicament qui stimule le système immunitaire en induisant la production de substances anti-virales.
  • L’exérèse chirurgicale est proposée en cas d’échec des traitements précédents ou en cas de lésions profuses, notamment au col utérin (conisation).

Quelle est l’évolution des condylomes?

Les condylomes situés sur la peau des organes génitaux externes ou dans la zone périnéale régressent spontanément en 2 ans dans 67% des cas. Lorsqu’ils atteignent le col utérin, ils disparaissent spontanément dans 50% des cas mais s’aggravent chez 10% des femmes. Dans ce cas, les HPV responsables peuvent induire des lésions pré-cancéreuses qui évoluent en cancer invasif s’ils ne sont pas traités. Cependant cette transformation se fait sur plusieurs années, laissant le temps de les dépister et de découvrir les éventuels états pré-cancéreux avant d’atteindre le stade de cancer, par des frottis et une surveillance bien conduite chez les femmes.

À l’instar des verrues cutanées, les HPV responsables des condylomes ne disparaissent pas avec le traitement des lésions et persistent dans l’organisme. Ceci explique le fort taux de récidive d’environ 30%, nécessitant un suivi régulier même après guérison clinique des lésions.

En revanche les condylomes n’induisent pas de stérilité chez la femme car ils n’atteignent pas les organes au delà du col utérin (l’utérus, les trompes ou les ovaires).

Existe t-il un vaccin contre les HPV ?

Il n’existe pas à ce jour de vaccin contre les HPV responsables des verrues cutanées.

Un nouveau vaccin, le Gardasil 9, est efficace contre 9 génotypes de papillomavirus alors que le précédent vaccin ne l’était que contre 4 types de papillomavirus.
Certains ont considéré qu’il n’était pas prouvé que les vaccins contre les papillomavirus permettaient d’éviter le cancer. Il s’agit là manifestement d’une argumentation fallacieuse quand on sait que les vaccins contre les papillomavirus préviennent de manière efficace les lésions pré-cancéreuses, qui précèdent toujours le stade du cancer invasif. On peut déjà affirmer aujourd’hui que les vaccins anti-HPV ont fait chuter en quelques années de 90 % les ablations chirurgicales partielles des cols utérins présentant des lésions dues aux HPV.
Par ailleurs, si l’infection par un papillomavirus, très fréquente, entraine rarement un cancer du col de l’utérus, à l’inverse tous les cancers du col de l’utérus sont secondaires à une infection persistante par un papillomavirus, elle-même suivie d’une lésion pré-cancéreuse.
Le vaccin Gardasil 9 devrait protéger les femmes contre 90 % des cancers du col de l’utérus, quels que soient les génotypes de papillomavirus en cause. Et Il ne faut pas oublier que ce cancer est responsable de la mort de 1000 femmes par an en France.

En revanche, il existe depuis 2007 deux vaccins capables d’induire une protection contre certains des HPV responsables de condylomes et notamment ceux dits “oncogènes“ qui induisent les cancers du col utérin. Le Cervarix® dirigé contre les HPV 6,11,16,18 et le Gardasil® actif contre les HPV 16 et 18, s’administrent en trois doses (0, 2 et 6 mois), sont remboursés à 65% par la Sécurité Sociale et n’ont pas d’effet secondaire. Ils s’adressent aux femmes et sont d’autant plus efficaces s’ils sont réalisés avant l’exposition au risque de l’infection à HPV, c’est à dire avant les premiers rapports sexuels ou dans l’année qui suit le début de l’activité sexuelle (entre 14 et 23 ans). Le Haut Conseil de la santé publique recommande ainsi que la vaccination des jeunes filles contre le papillomavirus soit pratiquée entre 11 et 14 ans, à l’occasion d’un rendez-vous vaccinal pour l’associer à la vaccination anti- diphtérie-tétanos-poliomyélite-coqueluche ou hépatite B.

La vaccination anti HPV comporte t-elle des risques ?

Suite à la médiatisation de certaines maladies survenues au décours de la vaccination anti-HPV, beaucoup de parents hésitent, à juste titre, à faire pratiquer la vaccination HPV à leur(s) fille(s) adolescente(s).

Or une étude très récente publiée en  2013 dans le Britisch Médical Journal, a montré des résultats très rassurants. Elle portait sur 1 million de jeunes filles Suédoises et Danoises, de 10 à 17 ans dont 300 000 ont été vaccinées entre 2006 et 2010. Parmi ces dernières, plus de la moitié avaient correctement suivi le schéma vaccinal comportant les 3 injections recommandées du vaccin.

Les auteurs ont comparé le nombre de maladies survenant chez les jeunes filles vaccinées et chez celles qui n’ont pas reçu le vaccin : il n’existe aucun sur-risque de maladies neurologiques ou thromboemboliques (sclérose en plaque, accident vasculaire cérébral, phlébite, embolie pulmonaire) par rapport à une population de jeunes filles non vaccinées.

Par ailleurs, 23 maladies auto-immunes sont survenues au décours de la vaccination, mais pour 20 d’entre elles, aucun lien significatif n’a été démontré avec la vaccination. Cela signifie qu’elles sont également survenues dans les mêmes proportions chez jeunes filles non vaccinées. Seules 3 maladies auto-immunes pourraient avoir un lien qui n’a cependant pas été prouvé, car elles sont survenues longtemps après la vaccination. Il s’agirait de la maladie de Behçet, (caractérisée par la survenue d’aphtes des muqueuses buccale et génitale, des douleurs articulaires, une inflammation de l’œil, des phlébites…), de la maladie de Raynaud (qui se manifeste par une décoloration de la peau et une douleur des extrémités, liées à la contraction des petits vaisseaux de la peau qui ne laisse alors plus passer le sang, lors d’une exposition au froid ou au stress) et du diabète de type 1 (diabète “maigre“ qui atteint les jeunes adultes, lié à une insuffisance de production d’insuline par le pancréas).

La vaccination n’augmente pas le risque de présenter une sclérose en plaque, ou une maladie de Verneuil (correspondant à une acné grave des plis de l’aine et des aisselles), comme cela a pu être rapporté dans les médias.

L’intérêt médical de cette vaccination a, à l’inverse été démontré, diminuant significativement la survenue des cancers du col de l’utérus. Il ne faut pas oublier que le cancer du col utérin est responsable de la mort de 1000 femmes chaque année en France.

Je suis porteur de condylomes acuminés. Quelles sont les personnes qui doivent être à leur tour dépistées ?

Si vous présentez des condylomes, il est important d’informer toutes les personnes qui ont eu des contacts sexuels pendant les mois précédant l’apparition des lésions, afin qu’elles puissent être examinées.

Cela permettra :

  • De rechercher et de traiter des lésions, qui pour certains sujets seront à l’origine de cancers du col utérin ou de l’anus.
  • D’éviter les risques de contamination à d’autres partenaires éventuels.

Comment prévenir l’apparition des condylomes?

Certaines mesures permettent de prévenir l’infection par le papillomavirus :

  • Vaccination des jeunes filles avant ou dans la première année qui suit le début de l’activité sexuelle.
  • Port de préservatifs : il réduit le risque de transmission du virus HPV de 70%.
  • L’abstinence jusqu’à la guérison complète des lésions est recommandée pour ne pas contaminer le/la partenaire.
  • Suivi gynécologique et frottis réguliers des femmes pour un dépistage précoce des lésions, notamment du col utérin.