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GALE

La gale est une maladie bénigne de la peau mais elle très contagieuse. Elle est due à un parasite invisible à l’œil nu, appelé le Sarcoptes scabiei hominis. Elle sévit sous forme d’épidémies, atteignant les hommes et les femmes à tout âge de la vie et de tous les milieux socio-économiques. Les démangeaisons constituent le symptôme clé de cette maladie encore considérée de nos jours comme honteuse. Son traitement repose sur l’application ou l’administration orale d’un anti-parasitaire. Le traitement de l’entourage et de l’environnement est primordial pour obtenir une guérison définitive.

À quoi est due la gale ?

La gale humaine ou scabiose est due à un parasite acarien nommé le Sarcoptes scabiei hominis qui se transmet entre humains. L’infestation évolue selon un cycle parasitaire de 20 jours qui se renouvelle en permanence. La femelle du sarcopte fécondée pénètre sous la couche la plus superficielle de l’épiderme (la couche cornée) et creuse des galeries. Elle progresse de plusieurs centimètres et pond trois à cinq œufs par jour pendant un à deux mois avant de mourir. Les œufs éclosent au bout de trois à quatre jours pour donner des larves, qui deviennent à leur tour des nymphes puis des sarcoptes adultes en 10 à 15 jours. Le cycle se renouvelle alors. Classiquement on dénombre une dizaine de femelles chez un sujet infesté. Mais ce nombre augmente considérablement chez certains sujets, notamment en cas de gale hyperkératosique (cf question 4), et peut atteindre quelques milliers à millions de parasites.

Le sarcopte a besoin de l’homme pour survivre car il nécessite une température de 25 à 30°C. En dehors de son hôte humain, quand il fait moins de 20°C, il meurt en quelques jours. De même il ne survit pas à des températures de plus de 55°C.

La gale animale peut également se transmettre à l’homme mais une fois, infesté, il ne peut la transmettre à son tour à un autre humain.

Comment attrape t-on la gale ?

La gale humaine se transmet par :

  • Contact direct peau à peau dans 95 % des cas : elle nécessite toutefois des contacts étroits et prolongés, et en général elle ne se transmet pas par une poignet de main. Le sarcopte ne saute pas et ne vole pas. En revanche, les rapports sexuels favorisent la transmission, raison pour laquelle la gale est considérée comme une IST (Infection Sexuellement Transmissible).

Par ailleurs, la période de contagiosité débute avant l’apparition des symptômes, pendant la phase d’incubation, même si elle est faible.

  • Contact indirect par l’intermédiaire d’objets contaminés dans 5% des cas : les vêtements, le linge, la literie, mais également par le mobilier constitué de matériaux absorbants (canapés, fauteuils, sièges de voiture…)

Comment se manifeste la gale ?

La gale se manifeste par des lésions de grattage non spécifiques et d’autres lésions spécifiques, toutes provoquées par la femelle.

La période d’incubation varie de 3 à 6 semaines, au terme desquelles apparaissent les premiers symptômes, mais elle peut être réduite à quelques jours en cas de ré-infestation.

Signes spécifiques de la gale :
  • Sillons: ce sont les galeries creusées par les femelles. Ils se caractérisent par des lésions filiformes, sinueuses, de quelques millimètres de long à la surface de la peau et se localisent préférentiellement sur la face antérieure des poignets, ou entre les doigts. On aperçoit souvent le sarcopte à leur extrémité.
  • Vésicules perlées : ce sont des petites élevures translucides situées entre les doigts où siège le parasite (les nymphes).
  • Nodules scabieux: ce sont des tuméfactions rouges ou violacées qui ne contiennent pas de parasite mais qui sont liées à la réaction immunitaire de l’organisme. Ils prédominent aux aisselles ou aux organes génitaux externes de l’homme. Ils persistent plusieurs semaines après la guérison.
Signes non spécifiques :
  • Démangeaisons : elles sont constantes, augmentant le soir et peuvent réveiller la nuit. Elles prédominent dans les plis : entre les doigts, aux aisselles, à l’intérieur des poignets, à l’ombilic, aux seins, aux fesses, aux organes génitaux externes, à la face interne des cuisses. Le dos, le cou et le visage sont en général épargnés. Le caractère collectif de ces démangeaisons, atteignant en général plusieurs membres d’une famille ou plusieurs personnes au sein d’une collectivité, est en faveur du diagnostic de gale.
  • Les lésions de grattage sont souvent multiples : excoriations, stries linéaires, érosions, croûtes.

Quels sont les sujets à risque ?

La gale peut atteindre les individus de tout âge quelque soit leur sexe. C’est une maladie fréquente puisque 300 millions de personnes sont concernées dans le monde.

Il existe certains facteurs favorisant soit les formes profuses de gale, soit la propagation de cette parasitose :

  • Des maladies ou des traitements qui entrainent une immunodépression : cortisone par voie locale ou orale, infection par le VIH, médicaments immunosuppresseurs, sujets âgés…
  • La vie en collectivité et la promiscuité : au sein des maisons de retraite, des foyers sociaux, des hôpitaux, des écoles…

Avoir la gale est-elle forcément liée à un défaut d’hygiène ?

Contrairement aux idées reçues, et même si elle est encore de nos jours associée à image très dévalorisante et considérée comme une maladie honteuse, la gale n’est pas forcément liée à un défaut d’hygiène. Elle atteint les femmes et les hommes de tout âge et de tout milieu socio-économique.

Existe t-il plusieurs formes de gale ?

Oui, en fonction de leur présentation clinique, on distingue trois formes qui sont chacune spécifique du terrain du patient atteint :

  • La gale commune : c’est la forme la plus fréquente atteignant les individus non immunodéprimés. Elle se manifeste par des démangeaisons surtout nocturnes et des lésions de grattage parfois associées à des lésions ressemblant à de l’eczéma. Les lésions spécifiques (sillons, vésicules perlées et nodules scabieux) sont plus rarement retrouvées notamment dans la gale des gens “propres“. Le diagnostic est suspecté lorsque les démangeaisons sont typiquement localisées dans les plis et qu’elles atteignent également l’entourage. La population parasitaire est constituée de quelques dizaines de sarcoptes. La contagiosité est faible et nécessite un contact prolongé et étroit, notamment lors des rapports sexuels.
  • La gale profuse : elle atteint les sujets ayant reçu un traitement inadapté par cortisone dans l’hypothèse d’une autre maladie de peau, ou lorsque le diagnostic est tardif. Elle se manifeste par des lésions profuses atteignant même le dos dans le cas de la gale inflammatoire.
  • La gale hyperkératosique : c’est la forme la plus contagieuse, pouvant se transmettre indirectement par les objets infestés. Elle atteint les sujets immunodéprimés, et les sujets âgés vivant en collectivité. Elle se manifeste par des rougeurs et des lésions croûteuses faites de squames épaisses et friables, généralisées à tout le corps y compris le visage, le cuir chevelu et les ongles. Les démangeaisons peuvent être absentes. Dans ce cas, il existe des milliers voire des millions de parasites dans la peau.
  • La gale du nourrisson : elle a une présentation clinique particulière. Elle se manifeste souvent par de toutes petites cloques (appelées vésicules) ou remplies de pus (pustules) aux mains et aux pieds. S’y associent des nodules scabieux retrouvés aux aisselles, au bas du dos et aux organes génitaux externes. Le cuir chevelu et le visage peuvent être atteints. Les démangeaisons sont inconstantes chez le tout petit enfant. En revanche la surinfection par le staphylocoque doré, appelée impétigo, est fréquente, favorisée par le grattage avec des mains sales.

Comment fait-on le diagnostic ?

L’examen clinique et l’interrogatoire sont souvent suffisants pour porter le diagnostic. La notion d’un contage (contact dans les 6 semaines précédentes avec un sujet infesté), le caractère collectif ou familial et nocturne des démangeaisons orientent le diagnostic. Celui-ci est confirmé par la présence des signes spécifiques de gale (sillons, vésicules perlées, nodules scabieux), s’ils existent. Le parasite peut être plus facilement repéré grâce à la dermoscopie ou à la vidéodermoscopie qui permet d’examiner la peau avec un grossissement de 20 à 100.

Un prélèvement parasitologique est réalisé en cas de doute, ou pour les cas difficiles où le diagnostic doit être certain avant de débuter un traitement, par exemple pour les atteintes au sein de collectivités (institutions, maisons de retraite, écoles…). Il consiste à recueillir par le grattage d’un sillon ou d’une vésicule perlée, le sarcopte femelle et parfois ses œufs, identifiés ensuite au microscope.

Considérée comme une infection sexuellement transmissible (IST) au sein d’un couple, il est légitime de rechercher d’autres IST, en fonction des circonstances. Votre dermatologue vous prescrira le bilan adapté à votre cas.

Quels sont les traitements possibles ?

Deux types de traitements sont actuellement disponibles : les traitements locaux et le traitement par voie orale.

L’entourage du sujet atteint (partenaire sexuel, enfants, personnel paramédical s’il s’agit d’un patient institutionnalisé..) doit être traité, même en l’absence de signes cliniques de gale.

Une hospitalisation sera nécessaire en cas de gale profuse ou hyperkératosique pour isoler le patient et lui apporter les soins adaptés.

Lorsque les lésions sont surinfectées par le staphylocoque doré (impétiginisation), un traitement par antibiotique est prescrit un à deux jours avant de débuter le traitement spécifique de la gale.

En cas d’irritation ou d’eczéma, fréquents après les traitements locaux, l’application de crèmes hydratantes ou éventuellement à base de cortisone doit être réalisée pendant plusieurs jours.

Traitement local :
    • Benzoate de Benzyle (Ascabiol®) :
      C’est une solution à appliquer sur la peau encore humide après un bain chaud, à l’aide d’un pinceau pour n’oublier aucune zone cutanée. Il faut insister dans les plis, en particulier entre les doigts et les orteils, dans l’aine et sous les bras, derrière les oreilles, sur le nombril et le pli interfessier ainsi que sur les organes génitaux externes. Le cuir chevelu doit être traité, de même que le visage chez l’enfant (en protégeant les yeux et la bouche) et dans les formes profuses. Il faut renouveler cette application, soit à 10 minutes, soit à 24 heures, ou encore à une semaine d’intervalle. Le produit ne doit être rincé qu’après 24 heures de contact et les vêtements et la literie doivent être changés de façon concomitante.Pour les enfants les durées d’application sont plus courtes. Le produit doit être dilué dans deux ou trois volumes d’eau et rincé après 6 à 12 heures de contact. Les enfants de plus de deux ans peuvent avoir deux applications de 12 à 24 heures.C’était le traitement de référence jusqu’à présent, actuellement supplanté par le traitement oral, en raison de son coût (non remboursé par l’Assurance Maladie), et de son utilisation moins simple.
    • La pyréthrine (Sprégal aérosol®) :
      Ce traitement local est contre-indiqué en cas d’asthme car c’est un aérosol irritant qui peut déclencher une crise. Il ne nécessite qu’une seule application avec un rinçage au bout de 12 heures, et il peut être renouvelé à une semaine. Il est plus particulièrement destiné aux nourrissons de plus de 6 mois et aux femmes enceintes.
Traitement local :

C’est un anti-parasitaire efficace en une seule prise qui a révolutionné la prise en charge de la gale, notamment lorsqu’elle atteint plusieurs personnes au sein d’une collectivité (foyers, maison de retraite…). Il est réservé aux adultes et enfants de plus de 15 kg, quoique que quelques cas d’enfants de moins de 2 ans ont été traités avec succès et sans effet secondaire. Le nombre de comprimés à prendre est déterminé en fonction du poids. La désinfection concomitante du linge est bien entendu indispensable. Une deuxième prise à 10 jours est nécessaire pour éliminer tous les sarcoptes car ce médicament n’est efficace que sur les parasites adultes et non sur les œufs. Sa prescription est actuellement très largement répandue même pour des cas de gale commune, en raison de la simplicité de son administration, de son innocuité et de son efficacité.

Quelles mesures faut-il adopter lorsqu’un membre de la famille  est atteint ?

  • Traitement de l’entourage : toutes les personnes, enfant, adulte ou âgées, qui ont été en contact étroit avec le sujet atteint, tel qu’on peut le voir au sein d’un couple, d’une famille, ou avec le personnel soignant, doivent être traitées simultanément, même si elles présentent aucun signe de gale. En cas de gale profuse ou hyperkératosique, l’indication du traitement s’étend à toutes les personnes vivant ou travaillant dans une même collectivité, même si les contacts n’ont pas été rapprochés et/ou prolongés.
  • Décontamination du linge et du mobilier : le linge, la literie et tous les objets constitués de matériaux absorbants (tissus, mousse…) utilisés durant les 7 jours qui précèdent le diagnostic, doivent être décontaminés :
    • Le lavage en machine à 60°C doit être réalisé quand cela est possible.
    • Le linge non lavable à 60°C (bonnets, écharpes, manteaux, vêtements en laine, couvertures…) doit être isolé dans un sac fermé hermétiquement et maintenu en contact avec un insecticide en poudre (A-PAR® poudre) pendant 48 H.
    • Les canapés, coussins, sièges auto, tapis, matelas (…) doivent être également traités.
  • L’abstinence sexuelle est recommandée jusqu’à la fin du traitement.

J’ai été traité pour une gale mais les démangeaisons et/ou les nodules scabieux persistent toujours 10 jours après, faut-il recommencer le traitement ?

Non, la persistance des démangeaisons dans les 8 à 10 jours qui suivent le traitement n’est pas forcément liée à un échec. Elle peut être due à :

  • Une irritation cutanée liée au traitement par Ascabiol® ou par Spregal®.
  • Un eczéma.
  • Une parasitophobie : c’est à dire la croyance et la peur erronées d’être infesté par le parasite.

Les nodules scabieux, liés à la réaction immunitaire de l’organisme, ne disparaitront qu’après plusieurs semaines.

Dans la plupart des cas, une consultation de contrôle à 15 jours sera réalisée. Elle permettra à votre dermatologue de vérifier l’efficacité du traitement et de vous rassurer sur la nature passagère des démangeaisons qui disparaitront après ce délai de 2 semaines. En cas d’échec du traitement ou de ré-infestation précoce votre dermatologue renouvellera le traitement local ou oral par Stromectol®.

Liens utiles

www.dermato-info.fr : site d’information de la Société Française de Dermatologie destiné au grand public.